26 juil. 2012

Je suis contre le droit d'héritage


Ce sont mes sœurs qui vont être contentes en lisant cet article : l'héritage est une ineptie économique, une remise en cause de l'égalité des citoyens, et une négation du mérite et du travail, des valeurs que la République valorise d'une main, et bafoue de l'autre.

Voici une conviction qui avait besoin d'être exprimée après le débat récent qui est venu faire sauter les députés UMP comme des cabris, sur leur siège de l'Assemblée nationale, parce que seront de nouveau taxées, à partir du 1er septembre, les transmissions (héritages ou donations) à partir de 100 000€, alors que Sarkozy avait en 2007 relevé le plancher d'imposition à 150 000€, un beau cadeau pour les plus riches qui, je l'espère, ont pu se gaver pendant cinq ans. Le changement c'est maintenant. Que le poids des dettes, des déficits, de la crise pèse sur les rentiers, merci !

L'héritage permet à des gens sans mérite, ou avec les mêmes mérites que vous, mais pas plus, de mieux vivre, d'être propriétaires d'un logement à Paris ou d'une belle maison sur la côte uniquement parce qu'ils sont bien nés. 

Les héritiers sont des rentiers qui bénéficient du travail, du mérite de leurs parents alors même qu'ils ont certainement pu bénéficié des bonnes conditions, de moyens, pour réussir leurs études, faire un long parcours universitaire, avoir accès à la culture, faire des voyages. Des avantages que je ne remettrai certainement pas en cause, c'est bien normal que des parents puissent apporter le meilleur à leurs enfants s'ils le peuvent au moment de leur éducation. C'est une belle chance que l'on souhaite à tous, notamment, car au moment de l'éducation, l'école publique, si on lui en donne les moyens, peut assurer l'égalité réelle des enfants ; les bourses scolaires permettent de démocratiser l'enseignement supérieur. La puissance publique en revanche ne pourra pas compenser un héritage de centaines de milliers d'euros.

Enfin si, elle le peut, en les taxant fortement, en empêchant ces transmissions. 

Par ailleurs, dieu soit loué pour l'allongement de la durée de vie, aujourd'hui les bénéficiaires des transmissions sont bien souvent des personnes d'ores et déjà à la retraite, des enfants du baby boom, des propriétaires, qu'on transforme en rentiers, et pas de jeunes actifs, qui cherchent à accéder au logement, qui ont d'important besoins et consomment.

Et pour les personnes qui arrivent à transmettre des héritages considérables, à plusieurs millions, c'est qu'ils ont réussi à accumuler une richesse trop importante, que la répartition des richesses a donc été mal faite, que les taxes sur les revenus ont été insuffisantes. Que celles pesant sur l'héritage ramènent un peu de justice !


L'argent des héritages, s'il a été stocké jusqu'ici, doit désormais retrouver les circuits économiques, permettre les investissements d'avenir. La France épargne trop, 18% de nos revenus. Ne permettons pas, par l'héritage, l'accumulation. Permettons la redistribution et la croissance par l'impôt. Permettons ainsi à chaque génération que le mérite et le travail l'emportent sur la naissance, que les cartes soient redistribuées, que l'ascenseur sociale soit en mouvement permanent, des mélanges, des recompositions, c'est-à-dire de l'avenir. L'héritage et la rente sont des positions figées, une société sclérosée qui attend tranquillement la mort. Je suis contre le droit d'héritage.

A suivre : Je suis contre le droit de propriété



1 commentaire:

  1. Je n'y avais jamais pensé mais effectivement, c'est abberant... Et injuste. D'aucuns diront que nous sommes des jaloux et que c'est bien normal de profiter si on le peut, mais il ne faut pas oublier que l'on vit dans un pays avec des citoyens et qu'il faut participer à la vie de ce pays, ne pas garder ses petits sous pour soi (leur argent vient de nous, seuls au monde ils ne seraient pas aussi riches !) et ne pas se gaver comme l'a permis Nicholas Sarkozy. J'aime ton article !

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