21 avr. 2012

Pour l'instauration d'un droit à pisser


L'expérience a très certainement été vécue par tous (bon, pour certains plus que d'autres) : vous vous retrouvez en pleine ville, rongés par cette envie pesante et pressente, mais dépourvue de tout lieu de soulagement et l'histoire se termine sans dignité derrière un arbre au Trocadéro, dans une ruelle un brin glauque. Le sujet peut paraître déplacé ou grivois, au mieux insolite, il est pourtant immensément important. Nous manquons d'accès à des lieux d'aisance publics, gratuits et propres.

Pour que cela change, combatsdecoqs milite pour l'instauration d'un nouveau droit de l'homme : le droit de miction, le droit de se soulager, plus clairement le droit à pisser, c'est-à-dire un droit créance ou social, comme le droit au logement, qui devrait conférer aux pouvoirs publics une obligation de résultat. Or l'offre de toilettes accessibles sans condition a diminué, y compris dans les cafés et dans les bars, en limitant aux consommateurs ou en tarifant les services. Les toilettes accessibles dans les gares et dans les parcs se sont raréfiés. Les lieux de commodités sont inexistants dans les couloirs et stations de métro. Uriner, et plus si affinités, est un besoin fondamental, pourtant son exercice est devenu de plus en plus compliqué. Or le Code pénal permet de punir les personnes obligées de s'épancher dans l'espace public. Certains ont fait l'amère expérience de contraventions.

La question relève de l'aménagement des espaces publics, de l'urbanisme, de l'hygiène, de la justice et de l'hospitalité des villes. Le manque d'accès à des toilettes publiques gratuites est la source d'inégalités fortes. Entre les hommes et les femmes d'abord, il est plus facile pour l'homme de s'exécuter rapidement contre un mur (avec les éclaboussures sur les chaussures qui vont bien). Surtout, inégalité entre les riches et les pauvres. Les plus touchés par ce manque d'accès aux toilettes publiques sont les sans-abris dans les pays riches et les plus démunis dans les pays en développement. Ainsi Julien Damon, sociologue français qui a écrit le très important ouvrage Questions urbaines, questions sociales, et à qui cet article doit beaucoup, écrit « les SDF, sans domicile ni offices privatifs, sont en permanence confrontés aux contraintes de la nécessité ». Pour eux, l'accès au droit à pisser est un problème quotidien de dignité. Dans les villes en développement près d'un milliard de personnes manquent d'un raccordement à un réseau d'eau potable et à un système d'évacuation des eaux usées. Cette situation est à l'origine du décès d'un million d'enfants par an (ah oui, ça calme !). 40% de la population mondiale n'ont pas accès à des toilettes convenables.

Petite histoire des servitudes d'aisance

Norbert Elias juge que l'instauration de toilettes publiques relève du processus de civilisation des mœurs occidentales (pour vous faire la preuve que le sujet est vraiment hyper sérieux). Les premiers équipements en France apparaissent pendant la Révolution et se développent au cour du 19ème siècle au moment où la jonquille l'emporte sur le miasme, selon l'analyse d'Alain Corbin sur l'histoire de l'odorat et de son imaginaire.



Paris se dote en masse d'équipements à partir de 1880 dans la lignée de la révolution hygiéniste du préfet Hausmann et du célèbre Poubelle. Il s'agit des fameuses vespasiennes, ces petites cases d'aisance qui doivent leur nom à l'empereur romain Vespasien qui installa dans Rome des toilettes publiques (enfin il s'agissait assez sommairement de trous en argile, mais quand même). Mais ces chalets de nécessité sont réservés aux hommes et vont disparaître progressivement après la Seconde Guerre mondiale en raison de leur manque d'hygiène, de l'amélioration de l'équipement des logements (en fait, plus les besoins privés ont été couverts, plus l'offre publique a été laissée de côté alors même que les besoins n'avaient pas disparu, notamment pour les voyageurs, les flanneurs, et les sans-abris), et troisième raison, pour leur mauvaise réputation : il s'agissait de lieux de rencontres et d’ébats homosexuels, oh mon dieu, notamment évoqués par Proust et Genet. En 1961, la municipalité de Paris décide officiellement de supprimer les vespasiennes gratuites (il reste deux survivantes rue Mirabeau et boulevard Araga) et les remplacent par quelques toilettes souterraines payantes comme dans le jardin du Luxembourg, tenues par les fameuses « dames pipi » dont on peut convenir que l'expression est affreuse (et misogyne ? Non !).


En 1980, l'espace public est de nouveau aménagé avec les toilettes Décaux, on en trouve un de première génération sur le Boulevard Saint Germain. Ces toilettes publiques sont enfin accessibles aux femmes, et des progrès notables sont faits en matière de nettoyage et de sécurité. Mais ces toilettes sont payantes et peu fréquentées. En 2006, la Mairie de Paris décide du retour à la gratuité, et de nouveaux édicules (petites constructions édifiées sur la voie publique – kiosques, arrêts de bus, toilettes) ont fleuri, offrant aux plus démunis un droit à l'intimité et à l'hygiène, et préservant l'espace public des épanchements d'urines.

Pour une densification du réseau des toilettes publiques

Mais cette offre reste insuffisante, l'attente est longue entre deux personnes en raison du nettoyage automatique (inviter un novice à rentrer juste après vous peut être une très bonne blague), les conditions de sécurité ne sont toujours assurées, ces lieux sont notamment utilisés par des prostitués ou des toxicomanes. Aussi, nous nous faisons diffuseurs du plan Gratuité / Propreté / Sécurité imaginé par Julien Damon qui tient en quelques points :
  • Inscription dans le code de l'urbanisme des éléments du droit à pisser obligeant à la mise en place d'un plan d'équipement des villes en édicules (possibilité de créer un seuil minimum selon le nombre d'habitants ou de personnes passant sur le site)
  • Obligation dans tout nouveau bâtiment ou espace accueillant du public d'un ratio de un sur deux pour l'espace consacré aux toilettes hommes et femmes pour rétablir une égalité de fait
  • Développer les offres gratuites de toilettes, douches et vestiaires dans des mini-complexes comme les bains-douches parisiens (l'équivalent à Poitiers a d'ailleurs été fermé)
  • Prendre acte du fait que les bars, les cafés, et les fast-food surtout, sont devenus des toilettes publiques. Les sites animés par du personnel mettent en confiance et répondent à l'exigence de sécurité. Il est possible de leur confier une délégation de service public, de les subventionner, en échange d'une obligation de moyen, d'aménager leur licence, d'ailleurs encadrée dans le code de santé publique au nom de la lutte contre l’alcoolisme, il n'est donc pas aberrant d'y ajouter des dispositions concernant l'hygiène.

L'urinoir est un progrès social

Les toilettes publiques et le droit à pisser sont un sujet politique à assumer, et pourtant absent du débat présidentiel. C'est un débat entre conservateurs et progressistes, entre la droite et la gauche. Vouloir des toilettes c'est vouloir plus d'égalité, permettre à tous de satisfaire ses besoins fondamentaux, naturels et nécessaires selon la terminologie d'Épicure. Pour vous en assurer, lisez Clochemerle de Gabriel Chevalier où s'oppose dans un petit village le maire qui souhaite installer des toilettes publiques sur la place de l'église, et les conservateurs qui s'opposent à la cohabitation entre les besoins terrestres et l'édifice religieux. Pour mettre tout le monde d'accord, sachez que dans toutes les églises de Suède, il y a des toilettes publiques et gratuites, donc accessibles à tous.

A voir :
  • Les toilettes publiques : un droit à mieux aménager – Julien Damon, Droit social 2009
  • La dernière tasse – Marianne Blidon, espacetemps.net
  • Le trèfle : une application iphone pour trouver les toilettes publiques les plus proches.
  • Le documentaire La Soif du Monde de Yann Arthus Bertrand sur Yvette qui tient des toilettes publiques à Yaoundé et explique l'importance de son travail pour l'hygiène et la santé.
Toilettes publiques et gratuites, les bons plans :
  • Poitiers : la médiathèque, la BU de droit, le centre commercial les Cordeliers, les toilettes de la gare au niveau 1 du parking
  • Lille : les toilettes du Parc Jean-Baptiste Lebas
  • Paris : les toilettes du Louvre ou de Pompidou, les 480 toilettes Decaux partout dans la ville
  • Rennes : le centre commercial la Visitation, à éviter les vespasiennes place Saint-Anne scandaleusement non nettoyées
Balancez en commentaire vos bons plans pipi, les lieux où il n'y a pas d'accès gratuit (genre la gare du nord), ou pis, vos expériences difficiles de pipi sauvage en raison de l'absence de lieux d'aisance (un buisson à côté de la tour Eiffel, un quai de métro ou de gare...)

18 avr. 2012

C'est pas encore Télérama mais c'est déjà quatre critiques de film


Combatsdecoqs a profité d'un week-end lillois pour squatter les salles de cinéma afin de se protéger de la pluie et du froid. Quatre films en 48 heures, du bon, du très bon, et du très mauvais quand il faut se taper quatre fois les mêmes bandes-annonces et les mêmes pubs pendant 25 minutes. J'ai failli craquer, surtout quand il s'agit de subir Patrick Bruel pour la BO du Prénom (pour ceux qui ne tiennent plus et qui n'iront sous aucun prétexte voir le film, au moins 124 forums dévoilent le fameux prénom).

Voici donc quatre critiques en un article qui nous permettent d'inaugurer le système de note Combats-de-coqs. François attribue les coqs, Marie les poules, sur une échelle de 0 à 5.
  • 5 gallinacés : un film qui a changé ta vie, que des compliments dithyrambiques, des acteurs brillants, un réalisateur de génie, tu as déjà écrit sur ta liste de noël que tu veux le DVD. Exemple : Eternal sunshine of the spotless mind.
  • 4 gallinacés : le film où presque rien n'est à jeter, tu le conseilles à tes potes, à ta famille, à tes collègues sans avoir peur qu'ils te demandent de leur rembourser leur ticket de cinéma, tu sais déjà que tu le regarderas un dimanche soir en DVD sur ton lit après un week-end gueule de bois. Exemple : Harry Poter et le prisonnier d'Azkaban – le troisième volet.
  • 3 gallinacés : tu as passé un très bon moment au cinéma, en sortant de la salle tu conviens avec ton compagnon de salle obscure que c'était vraiment cool, mais pas non plus de quoi se taper le cul par terre. Si on te propose de le revoir, tu dis que tu l'as déjà vu mais tu déclines poliment – peut-être dans deux ans. Exemple : The Artist
  • 2 gallinacés : le film n'est pas mauvais mais tu sens qu'il manque un truc pour que ce soit un bon film, tu en veux un peu aux critiques qui te l'ont trop bien vendu. Pour le coup, tu l'aurais vu une première fois en streaming, ça aurait pas été pire. Exemple : Les Petits Mouchoirs
  • 1 gallinacé : là ça t'emmerde de t'être déplacé au cinéma. Tu ponctues la séance de rires gênés quand tu te rends compte que le film est vraiment mauvais. Exemple : Halal Police d'État.
  • 0 gallinacé : c'est une honte qu'on ait pu produire ce film et inviter des gens à payer 10€ pour aller voir cette daube. Réalisateurs et acteurs sont navrants, et mériteraient une bonne peine de prison, un bon paquet d'heures de travaux d'intérêt général, voire de monter à l’échafaud. Exemple : Les Bronzés 3.
Nos prochaines critiques cinéma auront donc droit aux petits logos qui suivent :



En page d'accueil du blog : retrouve toutes nos notes 2012. Les livres, les expos, les pièces de théâtre se verront aussi attribuer le même système de notes.
Trouve-toi un animal et attribue aussi en commentaires à nos critiques tes notes : trois belettes, quatre antilopes... 

Projet X
Le pitch : trois potes décident d'organiser la fête du siècle, et ces cons réussissent. On passe une heure à suivre leurs conneries pendant la soirée, et c'est assez enthousiasmant. La réalisation fait penser aux clips de R'n'B, surtout pour filmer des culs qui dansent dans une piscine. On y retrouve l'énergie et les idées foutraques du premier Very Bad Trip - il s'agit des mêmes créateurs. Du sexe, de l'alcool, de la drogue, pas mal de litres de vomi, une pluie de bière, et surtout surtout la riche idée de foutre un nain dans un four. Le meilleur moyen de se prendre une dose de LOL.





My Week with Marylin

Il s'agit de l'adaptation d'un livre, d'une histoire vraie : un jeune assistant sur un mauvais film de Marylin Monroe tombe amoureux de l’icône qui s'attache à ce beau naïf. Une amourette qui se concrétise par un baignade dénudée dans un rivière. Le film est intéressant surtout pour la mise en abîme, le film dans le film. Le caractère de Marylin, sa fragilité, tels qu'on peut les découvrir dans le très bon livre La dernière séance de Michel Schneider, sont bien retranscrits. Mais le film apparaît un peu lent, sans ambition, au point de devenir chiant ? My week with Marylin le premier film en couleur dont on a l'impression qu'il est en noir et blanc.







2 days in New York
Julie Delpy livre le pendant new-yorkais de 2 days in Paris : cette fois, c'est sa famille française qui débarque à New York. On retrouve tout le panache du premier film avec une façon de jouer sur les préjugés sans tomber dans les clichés (ou l'inverse). Les dialogues et la réalisation sont très rythmés. New York est magnifiquement filmé, ça nous fait penser à la très bonne série How to make it in America (les deux premières saisons sont à découvrir absolument), on a envie d'acheter nos billets pour y aller cet été (ah oui, on les a déjà !). Il y a dans ce film une belle réflexion sur l'âme, un truc du genre : c'est pas plus con de vendre son âme que de dire qu'elle existe – allez voir le film pour mieux comprendre. Un bon film à découvrir, dommage toutefois qu'on n'est pas l'impression de voir d'évolution par rapport au premier volet.






Hunger Games
La trilogie en littérature jeunesse est un succès mondial, le film était très attendu, les réalisateurs ne se sont pas loupés. Les Hunger Games sont une télé-réalité où 24 enfants (de 12 à 18 ans) de 12 districts qui vivent en dictature s'affrontent jusqu'à la mort pour qu'il n'en reste qu'un. Autant dire que, pour les enfants, c'est quand même un peu violent ! Je ne veux rien dévoiler ici mais l'idée originale sur l'avenir de la terre d'ici un siècle est assez brillante. L'actrice principale qui a été découverte dans Winter's Bones joue admirablement bien. Il reste 3 films à découvrir (comme pour Harry Potter le dernier livre sera adapté en deux volets au cinéma). On les attend avec impatience. Seul problème de la série, on est sur que l'actrice principale va s'en sortir à chaque fois, mais peut-être que le plus intéressant, c'est de savoir comment elle va faire. Journey matters, not destination !



17 avr. 2012

Soirée Roller derby à la Halle de glisse de Lille


Ceux qui ont vu l’excellent film de Drew Barrymore, Bliss, avec Ellen Page et l'excellente Kristen Wiig, peuvent sauter ce paragraphe, parce qu’eux ont déjà la chance de savoir ce qu’est le roller derby ! Pour ceux qui ont des goûts cinématographiques pourris, et qui, donc, n’ont pas vu Bliss, le roller derby, c’est un sport essentiellement féminin, où des filles en patins à roulettes et collants filés, aux noms tout aussi cool qu’improbables (Sally Broyeur, Sophie Hell-is-back-ster, etc.), la peau recouverte de tatouages et de maquillage noir, tournent sur une piste type vélodrome et se foutent des coups de cul et d’épaules pour se virer de la piste. C’est un sport à la fois fun et un chouia violent !

Ca, c’est l’image un peu réducteur que l’on peut avoir du roller derby, mais en réalité, c’est bien plus complexe que ça ! Samedi soir, nous avons enfin assisté à un match de ce sport qui nous fait un peu rêver depuis que nous l’avons découvert (God save Drew). Les matchs de roller derby opposent en fait 2 équipes, chacune composée de 4 blockeuses et 1 jammeuse. Les 2 groupes de blockeuses avancent sur la piste côte à côte, tandis que les 2 jammeuses tentent de doubler l’équipe adverse. Les blockeuses sont bien sûr là pour bloquer la jammeuse de l’équipe adverse, mais aussi pour aider leur jammeuse à passer. Et là, il faut déployer des stratégies particulièrement vicieuses : petit saut sur le côté, couloir humain, fausse chute, course sur la pointe des patins, etc. Du talent à l’état pur ! Et en plus de cela, il faut être rapide (chaque manche dure 2 minutes, pendant lesquelles il faut essayer de marquer le plus de points, et chaque mi-temps dure 30 minutes) et hyper technique (histoire de pas se casser une cheville chaque fois que tu te prends un coup de hanche, c’est-à-dire toutes les 3 secondes). Il y a des équipes dans plusieurs grandes (ou pas) villes de France, comme Paris, Lille, Rennes, Amiens, Caen, Bordeaux, et même Charleville-Mézières, donc vous pourrez sans trop de difficultés trouver des matchs auxquels assister, pour découvrir ce sport.

Nous avons maintenant pour projet de nous inscrire dans une équipe de roller derby ! Nous avons déjà nos noms de scène (Queen Hell-is-a-beat et David Ass-hole-off) et nos patins (achetés sur un vide-grenier bien sûr), reste plus qu’à trouver un club et à faire le deuil de mon nez… Bon, pour l’instant, je ne suis pas hyper forte sur des patins (enfin, en salle, c’est déjà mieux que dans la rue, où j’ai quand même réussi à me faire doubler par des gens à pied…), mais il suffit d’un peu d’entraînement, et question coup de hanche, faut avouer que j’ai un sacré avantage physique ! Ca serait dommage de gâcher un tel don de la nature…

12 avr. 2012

A boire et à manger, Guillaume Long


Guillaume Long, éd. Gallimard
Si vous trainez un peu dans les librairies (ou à la Fnac), vous avez peut-être repéré un grand livre jaune, titré A boire et à manger. L’avantage de ce titre, c’est que, qu’il soit pris au sens figuré ou au sens propre (on est alors face à un cas d’expression-contexte, et si vous ne savez pas ce qu’est une expression-contexte, c’est que vous n’avez pas lu l’article sur les resto étrangers, et ça, c’est pas bien…), il dit bien ce qu’est cette BD : un peu de tout et n’importe quoi (sens figuré de l’expression « à boire et à manger »), mais dans la thématique de la cuisine (le titre est alors à prendre au sens propre). Un titre très bien trouvé donc !
Guillaume Lond
éd. Gallimard

Comme c’est un peu la mode en ce moment (citons les maitres du genre : Margaux Motin, Pacco, Pénélope Bagieu), cet ouvrage est en fait la publication des chroniques du blog de Guillaume Long. En plus d’être un illustrateur de talent, Guillaume Long est aussi un passionné de cuisine (et par la même occasion de tous les légumes un peu bizarres qu’on ne savait même pas qu’ils étaient comestibles). Il expose donc dans ce livre ses meilleures recettes, ses astuces culinaires, ses coups de cœur gastronomiques et plein de trucs divers toujours sympas à savoir. Par exemple, savez-vous à quoi correspond le premier chiffre inscrit sur les œufs (celui qui me répond « le jour de la date de péremption » est un con) ? C’est certainement l’info qui m’a le plus marquée parce que je la raconte à tout le monde ! Parce que figurez-vous que le premier numéro inscrit sur l’œuf, qui va de 0 à 3, correspond à l’espace dont dispose la poule pour vivre et s’épanouir : les poules « 0 » gambadent dans l’herbe, sont nourries au bio et ont au moins 3m2 à leur disposition, les poules « 1 » ont la même surface mais ne mangent pas bio, les poules « 2 » s’entassent à 9 par m2  dans des entrepôts, et les poules « 3 » partagent leur m2 à 18, la grosse loose quoi. Malheureusement, depuis que je sais ça, je n’ai pas eu à acheter d’œufs, donc j’ai pas encore pu me la péter, genre : « Non, je vais plutôt prendre des œufs 0, parce que moi, la Nature, ça me botte, et c’est HYPER important de faire attention à ce qu’on mange et ce qu’on achète, donc tes œufs 3, merci, mais non merci ! » Mais ça ne saurait tarder.
Guillaume Long, éd. Gallimard

Cette BD drôle et instructive a quand même réussi à me donner envie de tenter le brocolounge (nouveau nom du brocoli, destiné à lui garantir une vie meilleure), et ça, c’était pas évident ! Depuis, j’ai également acheté mon premier chou-fleur, alors je ne suis pas sure que ça ait un rapport direct, parce que je ne crois pas qu’il soit question de chou-fleur dans A boire et à manger, mais à mon avis, c’est quand même pas sans lien… J’ai également découvert une association absolument délicieuse : raisin-gouda au cumin, un des meilleurs sucré-salé selon moi ! Et j’ai pu constater que je n’étais pas la seule à paniquer à l’idée de n’avoir qu’une patate avec mon fromage à raclette, et que c’étaient même plutôt ceux qui ne prévoyaient qu’une patate par personne qui avaient un sérieux problème avec la nourriture.
Pour l’avoir vu en dédicace dans l’excellentissime librairie des Batignolles, Guillaume Long est très sympa ! Il est également l’illustrateur de plusieurs titres de la collection « Tétais qui, toi ? », aux éditions Actes Sud Junior,  ceux consacrés à Robespierre et Staline (2 éternels incompris…). Il continue d’alimenter son blog sur le même thème, donc ne manquez pas d’y faire un tour et, quand vous aurez vu comme c’est génial, d’acheter son album !

5 avr. 2012

Comment choisir un bon resto étranger ?



Paris regorge de restos de tout horizon : chinois, japonais, texan1, indien, italien… Un peu comme toutes les grandes villes en fait ! Seulement, il n’est pas toujours facile de savoir si vous mangez vraiment comme vous mangeriez si vous étiez dans le pays en question. Parce que, figurez-vous que (attention, la suite est susceptible de choquer les personnes non averties) notre société nous force à croire à des utopies culinaires, qu’il convient de démentir :

            - la « glace à l’italienne » n’existe pas en Italie
            - en Suède, on trouve à tous les coins de rue des vendeurs ambulants de « french hot dog », qui est tout sauf une spécialité française (la preuve, c’est que la première chose que nous avons fait en retournant à Stockholm, c’est de manger un de ces hot dogs que, justement, on ne trouve pas en France, alors qu’ils te le vendent comme un hot dog français… Un vrai défi à la logique…)
            - les Japonais ne mangeraient pas vraiment de sushis (enfin, ça, j’y crois moins quand même, c’est plutôt des on-dit de gens qui auraient soi-disant été au Japon… Info à vérifier)
            - les Indiens ne mangent pas que du riz… Ah non, pardon, ça c’est vrai par contre.
            - les Italiens ne mettent JAMAIS de base crème fraiche sur une pizza. Perso, ce sont mes préférées (pizza 4 ou 5 fromages, base crème fraiche, une merveille), mais pour les Italiens, c’est pire que de tuer sa mère.
Bon, je vais m’arrêter là, parce que je sens que j’ai déjà détruit des vies en même temps que ces idées reçues. Mais la liste est longue (si vous avez vous-mêmes ouvert les yeux sur des mensonges de ce type, exprimez votre aigreur en commentaire). Donc, pour être sûr de ne pas se faire avoir par des faux chinois (les restaurants, pas les gens), des faux indiens (même remarque), des faux traiteurs texans (aussi appelés Quick), retenez ces quelques principes :

1. Ne vous fiez pas à votre bon sens Mise en situation : vous avez envie de manger coréen (ça n’arrive pas souvent, mais ça arrive) et vous tombez justement sur un restaurant coréen louche, au coin d’une rue mal éclairée. Le resto n’a visiblement pas changé de déco depuis les années 80, et on sent que le service d’hygiène n’est pas souvent passé par là. De fait, votre bon sens vous crie : « Casse-toi, tu vas te choper une salmonellose rien qu’à regarder l’enseigne ». Eh bien votre bon sens vous trompe ! Le kitch de la déco est généralement (ah oui, ça n’est pas une science exacte non plus) inversement proportionnelle au l’authenticité du lieu, donc ne vous arrêtez pas à ça. Par contre, si ça sent le chien mort (ou mouillé, ou les 2), fuyez, les sens sont quand même parfois de bon conseil.

2. Le restaurant ne doit proposer qu’un seul type de nourriture Les restaurants qui proposent à la fois du chinois, du coréen, du thaïlandais, du laotien et du japonais sont rarement authentiques, parce qu’on trouve assez difficilement des chefs qui ont ces 5 nationalités en même temps. Donc, si vous voulez manger indien, cherchez un resto qui ne sert que des spécialités indiennes (autrement dit du riz et du curry… Ah, vive les clichés !).

3. La carte doit être bilingue Voire carrément unilingue (bien sûr pas en français, sinon, ça veut dire que c’est un resto français, et ça n’est pas ce que vous cherchez actuellement). C’est un peu plus chiant pour commander, mais heureusement, en général, il y a les photos des plats, donc il suffit de montrer la photo de ce que vous voulez manger. C’est également l’occasion idéale pour faire ce que nous appelons, chez Combatsdecoqs, une « expression-contexte », c’est-à-dire une expression qui est normalement utilisée au sens figuré (exemple : « casser sa pipe » pour « mourir ») mais qu’on utilise dans son sens propre (vous cassez une pipe, en la faisant tomber par terre ou autre, et vous dîtes « Oh non, j’ai cassé ma pipe »). Ainsi, dans un restaurant chinois qui ne propose qu’une carte en chinois, vous pouvez alors vous écrier : « C’est du chinois ! » (expression figuré : « je n’y comprends rien », expression-contexte : « c’est écrit en chinois »).

4. Les « tenanciers » de l’établissement parlent à peine français Ca, ça plairait pas à Sarkozy, mais, pardon monsieur le (ex)président, ne pas parler français est souvent gage de qualité… Je vous laisse méditer sur cette phrase.

5. Le resto est rempli des personnes originaires du pays en question Pour vous en assurer, entrez dans le restaurant et scrutez les clients : ils doivent venir du même pays que la nourriture. Un restaurant grec dont les clients sont principalement d’origine grecque, un restaurant italien où on entend plus « makekatsokefiga » que « bon appétit », c’est forcément bon signe !

Si, malgré ces conseils précieux et testés sur le terrain, vous ne vous faites pas confiance, voici quelques adresses à tester :
- pour manger indien : le passage Brady, dans le 10e arrondissement
- pour manger coréen : restaurant Han, 5 rue Lacordaire, dans le 15e
- pour manger bangladais : restaurant Paris-Féni, 15 rue Ternaux, dans le 11e
- pour manger suédois : Institut suédois, 11 rue Payenne, dans le 3e
- pour manger italien : restaurant La Gondola, 35 rue Oberkampf, dans le 11e


D’autres suggestions ?


1 MacDo, le traiteur texan, ça vous dit rien ?

3 avr. 2012

Un mois de sport en France – N°1 Mars 2012


A la une : le triomphe du biathlon français

Première semaine de mars, championnat du monde : la France termine 1re du tableau des médailles avec 7 breloques. Martin Fourcade y remporte 3 titres de champion du monde sur 4 épreuves individuelles (le 3e biathlète à réaliser l'exploit après Raphaël Poiré et Bjoerndalen - un peu les Zidane et Cruyff du Biathlon). En relais, une spécialité française, hommes et femmes ont été médaillés. Et Marie-Laure Brunet et Simon Fourcade y sont allés de leur médaille d'argent en individuel (épreuve où le tir a le plus d'importance).

Deuxième semaine de mars, dernière épreuve de la Coupe du Monde : le même Fourcade remporte sa première coupe du monde à 24 ans.

Un mois en Ligue 1

Le PSG prend des points après la 90e dans 5 matchs consécutifs – « la chance du champion », « un groupe est né », « une force mentale », « l'effet Ancelotti » – puis 3 matchs nuls, puis 1 défaite face à Nancy (face à Nancy, vraiment ?), et tout cela juste après la sortie de la nouvelle chanson déjà culte du PSG sur le rythme de "Go West" : coincidence ?

Et c'est maintenant Montpellier le favori pour le titre (Montpellier, vraiment ?). Et Lille se met à penser qu'il peut passer devant le PSG, emmené par un grand Eden Hazard (qui se sort un peu les doigts en fin de championnat, histoire d'exciter Ferguson et Wenger et de les encourager à aligner les zéros pour son transfert, au grand bonheur de Michel Pathé-Gaumont Seydoux, le président du LOSC).

En bas du tableau Sochaux et Auxerre viennent de licencier leurs entraîneurs et commencent vraiment à faire de la peine (une Ligue 2 avec Monaco, Lens, Nantes, Auxerre et Sochaux, ça va ressembler au haut de tableau de feu le championnat de première division avec Giuly et Wiltord en tête d'affiche – et Guivarch, il va reprendre une licence à l'AJA ?).

Je n'évoquerai pas ici les performances de Marseille, on parle de Ligue 1 – Marseille n'a même pas le niveau d'un club de national, on en reparle après.

Le podium du mois
  1. Le Bayern de Munich avec Muller, Robben, Gomez et Ribéry, qui parle enfin allemand, célèbre avant l'heure la fête de la bière, fout 20 buts en 3 matchs, met sa petite pétée à Marseille et va prouver en finale de Champions league dans son Allianz Arena (il faudra reparler de la nouvelle tendance des stades à porter le nom du sponsor – parce que la MMA Arena au Mans, c'est vraiment pas possible) que l'Allemagne c'est plus fort que l'Espagne et ses deux clubs endettés (et on parle pas Zone euro ici).



  2. Fini les sextapes, Laure Manaudou is back avec 2 qualifications pour les JO ; et en plus maintenant c'est une MILF – vivement Londres (attention, il y a un jeu de mots dans cette phrase).





  3. Montpellier Handball tombe en huitièmes de finale de ligue des champions sur le FC Barcelone, le champion en titre : aucune chance donc. Sauf que remonté comme une cocotte, Karabatic (le meilleur joueur du monde) décalque « les nuques longues bouffeurs de tortillas » et Montpellier gagne d'une façon inattendue le match aller 28-30.


Les loosers du mois
  1. L'Olympique de Marseille est mort en mars 2012. Défaites contre un cocktail d'eau de source (Evian-Thonon-Gaillard, également le plus laid maillot de Ligue 1), Dijon, Ajaccio, et surtout en coupe de France contre Quevilly un salaud de club normand de national - Et si finalement fallait pas laisser partir Lucho ?


  2. Echapper de justesse à la défaite face à l'Italie (ça aurait été que la 2e année consécutive), et gagner de justesse contre l'Ecosse, voilà le minimum syndical réussit par le XV de France version Phillipe Saint-André. Après : match nul contre une Irlande qui ne fait plus peur à personne, et une défaite contre l'Angleterre qui joue avec une équipe de poussins. La défaite contre un Pays-de-Galles en mode de Grand Chelem était attendue. Bilan : 4e du Six nations 2012 et une incapacité à stabiliser une charnière. Guy Novès et Fabien Galletier, ils font quoi en 2013 ?

  3. Montpellier Handball a appris à ses dépens qu'il fallait pas énerver des indignados déjà humiliés en Europe sur le terrain économique, et a pris sa petite branlée 36-20 au match retour contre le FC Barcelone – il est où maintenant le meilleur joueur du monde ?

Les faits divers

Mois tragique pour la santé des footballeurs, et je vous parle pas des croisés de Diawara, mais du cœur de Muamba et du foie d'Abidal. Je vous parle d'une crise cardiaque en plein match de coupe d'Angleterre, Boston-Tottenham, que l'arbitre a eu le bon goût d'arrêter, et d'un foie à greffer – de quoi relancer le débat sur les potions magiques qu'on fait boire aux joueurs du Barça.


Affaire Merah, l'occasion pour Manaudou de montrer qu'elle est vraiment de retour avec ces tweets ravageurs :
  • « Supprimer ces jeux vidéos à la con et ce sera déjà mieux »
  • « Oui, je fais référence à Toulouse. Non seulement y a des fous mais en plus qu'ils s'en prennent à des juifs est vraiment honteux ! »1
Si Hollande cherche quelqu'un pour remplacer Squarcini à la tête des renseignements intérieurs en cause dans l'affaire, on a une candidate.

L'analyse du mois

Les clubs français se prennent branlées sur branlées en Europe : aucun club qualifié pour les 16e de la ligue Europa où le Metalist Karkov et le Red Bull Salzbourg triomphent, une élimination par un pauvre club chypriote en Champion's pour l'OL. Pour ne rien arranger, l'année prochaine, la France sera représentée par Montpellier en ligue des Champions (est-ce que Loulou Nicollin osera faire jouer Man. United ou le Barça au stade du Mousetoir ?).
Au même moment, c'est le Portugal qui brille en Europe avec Porto et le Sporting Portugal. Conséquence : la France va être rétrogradée dans le classement UEFA et perdre une place en Champions League, en passant progressivement de 3 à 2 clubs, et une place en Ligue Europa – mais alors le ventre mou de la Ligue 1, il va se battre pourquoi ?

Le sport dont tout le monde se fout : le championnat de France d'Aviron

Jean-Christophe Bette, Fabien Tilliet et Frédéric Dufour n'ont plus leur destin olympique en main. Quant aux champions du monde Julien Despres et Jean-Baptiste Macquet, ils ont terminé loin des meilleurs en deux sans barreur. Bon bah voilà, je crois qu'on a fait le tour.



On y était : Stade français – Stade toulousain
 
Première expérience au Stade de France avec 72 000 autres coqs et poules. Un stade agréable, une belle ambiance, des pompom girls avec des mini-shorts taille XS, l'arrivée du ballon du match depuis le ciel : déposé sur la pelouse par des militaires qui atterrissent en parachute au milieu du stade. Des cocottes, de belles ogives, un échange de marrons et une victoire de Toulouse, jamais vraiment inquiété. Beauxis et Jauzion énormes. Un seul hic : les maillots roses dégueulasses du Stade français, enfin jusqu'au moment où je me suis aperçu que leur sponsor maillot, c'est Malabar, et là je m'incline - chapeau bas Monsieur Guazzini.

See you next month

1Les réponses à Manaudou qui l'ont poussée à quitter Twitter :

1 avr. 2012

Vers la modération énergétique


 Les écrans 3D HD Full digital bluetooth dolby surround qui ont fleuri dans les couloirs du métro parisien depuis le début de l'année m'ont mis la puce à l'oreille : notre modèle de consommation énergétique est à revoir. Découvrir qu'ils consomment autant d'électricité par an que deux familles de quatre personnes m'a, disons, légèrement agacé, surtout qu'au même moment nous sommes en plein « épisode de grand froid » (un salaud de tic de langage de journaliste qu'il serait d'ailleurs bon de bannir). Et rappelez-vous avoir été bassinés par des messages sur les économies d'énergie. Mais personne n'a pensé exiger de la RATP qu'elle éteigne ses fameux écrans. Mais ce n'est qu'un détail ! Oui ma pauvre Lucette, c'est bien ça le hic, ce n'est qu'un détail, le problème est plus global.

Exemples des aberrations auxquelles il conviendrait de mettre fin pour une bonne transition vers la modération énergétique :
  • Les enseignes des magasins qui restent allumées toute la nuit, surtout dans les zones commerciales qui enlaidissent les zones péri-urbaines en grignotant les terres agricoles autour des villes.


  • Les portes ouvertes des magasins alors que le chauffage l'hiver, la climatisation l'été fonctionnent au maximum. Attention : l'acte militant de fermer les portes de ces magasins peut avoir pour conséquence de se faire poursuivre dans la rue par un vigile qui vous menacera ensuite de vous emmener au commissariat, sans préciser toutefois pour quel motif : fermer une porte n'est pas encore un délit prévu par le code pénal.

  • L'éclairage des bâtiments publics qui m’apparaît un brun trop arrogant. Il ne devrait pas permettre de voir comme en plein jour comme devant l'hôtel de ville de Paris. Et je ne parle pas de la consommation électrique de la tour Eiffel : alors c'est vrai que pour rouler des pelles à ta meuf sur le Champs-de-mars ça fait romantique, mais un peu de conscience écologique devrait suffire à te faire renoncer à cette exubérance... une bougie aussi c'est romantique. Pendant ces fameuses semaines de janvier où on se les gelait, beaucoup de communes ont bien décidées de réduire l'éclairage public servant alors le seul objectif qui vaille : assurer la sécurité des rues. Ces choix pourraient être généralisés sur l'année.

  • Nos maisons sont de vraies passoires. Mener un vaste plan d'isolation des bâtiments, notamment des particuliers afin de leur permettre également de réduire leur facture énergétique. Et en plus, c'est créateur d'emploi. Pour financer les travaux d'isolation serait nécessaire de créer (j'ai honte de le dire) une niche fiscale (crédits d'impôts équivalent au coût des travaux). Mais, il s'agit d'une dépense publique d'avenir – un investissement écologique, donc une bonne dépense. Une taxation des plus-values immobilières, très fortes dans certaines grandes villes, pourrait permettre de financer cette mesure – et elle aurait aussi la vertu de faire baisser la pression sur les prix de l'immobilier. Par ailleurs, cette taxation pourrait être allégée si le vendeur du bien mène des travaux d'isolation au moment de la transaction.

Puisqu'on parle d'énergie, parlons de nos ressources, car en plus de trop consommer, nous consommons mal, c'est-à-dire du nucléaire à 75% qui ne permet d'ailleurs pas aujourd'hui à la France d'être autonome. Malgré 40 années d'investissement dans le nucléaire, la France importe de l'électricité tous les hivers et son réseau est très fragile, notamment en Bretagne ou en PACA, régions alimentées par une seule ligne à très haute tension où les ressources locales d'énergies n'ont pas été assez développées. De plus les centrales nucléaires sont insuffisamment réactives pour répondre aux besoins des pics de consommation : on importe donc de l'électricité des centrales à charbon allemandes. De plus encore, nous sommes entrés dans un cercle vicieux : le nucléaire a encouragé le développement du chauffage électrique dans des proportions doubles par rapport aux autres pays européens, les chauffages électriques nécessitent de nouveaux besoins en nucléaire, et ainsi de suite, vous avez compris la logique. Je passe sur la question des déchets nucléaires et de leur retraitement, je passe sur les risques d'accidents qui pourraient mettre en danger une bonne partie de l'Europe. Et je termine sur le coût du nucléaire, moins cher que les autres modes de production ? Sauf que depuis Fukushima, les exigences ont été renforcées et que les mesures de sécurité vont peser de plus en plus lourd sur la facture énergétique.

L'indépendance énergétique grâce au nucléaire est donc une vaste fumisterie : l'objectif n'a pas été atteint en terme de production d'énergie, et surtout, la France, aux dernières nouvelles, n'a pas de mines d'uranium qu'elle importe depuis des pays africains dans des conditions particulièrement inquiétantes. Au grief de la France et d'Areva au Niger notamment : une surexploitation des mines d'uranium avec d'importants risques écologiques, une population et une économie locales qui ne bénéficient pas des richesses de cette ressource naturelle, des Français qui vivent dans un climat d'insécurité, et Aqmi (une frange d'Al qaida) particulièrement active se nourrit de ces frustrations et détient des employés d'Areva en otage.

Aussi, il ne semblerait pas aberrant de vouloir sortir du nucléaire. Les pertes d'emplois : une autre fumisterie compte tenu des emplois nécessaires au démantèlement des centrales, et aux emplois créés par les autres sources d'énergies dans lesquelles il conviendra d'investir.
Aussi, il ne semblerait pas aberrant de développer les énergies renouvelables et locales, c'est-à-dire des biens universels et communistes (qu'on ne peut s'approprier) qu'on devrait savoir exploiter dans les territoires : les courants marins, le soleil, le vent... L'enjeu serait de créer des filières : de la conception et l'innovation au retraitement des déchets (notamment très important pour les panneaux solaires – c'est ce que développe la région Poitou-Charentes sur des territoires en désindustrialisation). Ainsi, les énergies renouvelables doivent permettre de créer de la valeur ajoutée ; aujourd'hui on importe une très grosse partie des panneaux solaires installés en France de Chine – c'est dommage.

Bon, vous avez compris le message de cet article un peu long qui tient pourtant en onze mots : éteignez vos lumières et votre chauffage, et faîtes tourner des éoliennes.