29 févr. 2012

Chronicle


Avant de dire quoi que ce soit sur ce film, je voudrais m’insurger sur le prix de la place de ciné. Maintenant que je ne suis plus étudiante, deux solutions s’offrent à moi :
- aller au MK2 Bibliothèque, le cinéma qui se situe près de la Bibliothèque nationale de France (qui ressemble vaguement à la bibliothèque du village de mes parents, sauf qu’elle fait la taille du village et qu’on n’a pas le droit d’y lire les livres…), où la séance pour les moins de 26 ans est à 4,90€ mais qui est à l’autre bout de Paris,
- faire mes comptes avant, pour être sûre que je vais pouvoir manger jusqu’à la fin du mois (et j’exagère à peine…).
Parce que, figurez-vous qu’une place de cinéma au tarif plein vaut aujourd’hui entre 10 et 12€ (sans compter le supplément pour la 3D, cette arnaque), soit une douzaine de sushis, 3 Happy Meal ou encore 2 menus Best of Big Mac… Inutile de préciser qu’avant d’aller voir un film, je m’assure que je vais l’aimer : critiques, extraits, avis d’ami(e)s, tout y passe, pour éviter de vous retrouver devant Halal, police d’état (non non, ça ne m’est pas arrivé…). C’est un scandale !... Voilà, le coup de gueule est lancé, je suis sure que les patrons d’UGC et Gaumont ne resteront pas insensibles à mon appel.

Revenons-en au film, qui est quand même le thème de l’article finalement. Saluons déjà la bande-annonce, très bien faite : courte et énigmatique. Une gageure quand on voit toutes ces bandes-annonces qui durent 18 minutes et nous disent absolument tout, ou pire, concentrent les meilleurs moments (si j’avais été voir Hollywoo, je pourrais vous dire que c’est un peu son cas, mais comme je n’ai pas été le voir…).

Pour ceux qui n’auraient pas entendu parler de ce film (et là, je m’adresse principalement aux habitants de Laval, où La Vie est belle vient juste de sortir), en voici un petit résumé : 3 lycéens, en contact avec un étrange objet phosphorescent, se retrouvent doter de super-pouvoirs, comme la télékinésie. L’idée principal du film, c’est de voir comment les 3 lycéens, qui ont des vies et des caractères bien différents (un très populaire, en lice pour être président des élèves, un plutôt apprécié, et un franchement asocial, racketté par les brutes de son école et battu par son père), vont utiliser leurs pouvoirs, qui deviennent assez vite très puissants. Je ne voudrais pas vous gâcher la fin, mais je dirais quand même que ça part rapidement en sucette.

Si vous aimez les films fantastiques et les histoires de super-héros, ce mockumentaire (ou documenteur, ou faux documentaire, type C’est arrivé près de chez vous) devrait vous plaire. Bien pensé, cohérent, il nous porte du début à la fin, sans qu’on se dise : « Mais qu’est-ce que c’est que ce film ? » (question que l’on peut légitimement se poser devant, par exemple, Rien que pour vos cheveux, dans un tout autre registre). Par contre, et c’est ce qui peut laisser un peu perplexe à la fin du film, celui-ci provoque finalement assez peu d’émotion. Il y a certes quand même un peu de suspense, et on ressent bien un peu d’envie envers leurs pouvoirs (si j’étais à leur place, je braquerais une banque et j’éradiquerais la pauvreté… eh oui, je suis comme ça moi, la main sur le cœur… mais je m’achèterais une paire de Louboutin avant), mais on ne rit pas vraiment, on ne pleure pas, on ne ferme pas les yeux (sauf dans la scène avec l’araignée, mais je suis pas sure que toute la salle ait mis comme moi la main devant les yeux). C’est divertissant, et c’est déjà bien.

En résumé : allez le voir, c’est vraiment sympa, mais c’est quand même pas La Belle et la bête niveau émotion !

Les notes Combats de coqs :


28 févr. 2012

Les Liaisons dangereuses, Théâtre de l'Atelier, mise en scène de John Malkovitch


Longtemps, il n’y a eu qu’un personnage dans mon cœur : Valmont. Bon, depuis quelques mois, il a dû faire un peu de place à Darcy, le héros d’Orgueil et Préjugés, mais ils s’entendent assez bien je crois…

Je ne sais plus si j’ai lu le livre avant de voir le film de Stephen Frears ou l’inverse, mais pour l’un comme pour l’autre, je me suis dit : « Mais c’est pas possible, ce livre/ce film, il a été fait pour moi ! ». Depuis, plus personne n’a le droit de donner son avis sur l’un et l’autre sans que je me sente visée personnellement. Un jour, un ami m’a avoué n’avoir pas « vraiment » aimé le livre de Laclos (et il n’avait même pas l’air désolé en plus, on croit rêver). J’ai d’abord ri, pensant à une blague, puis mes oreilles ont saigné et j’ai finalement arrêté de le voir (ou je l’ai assommé, je ne sais plus trop…) (mais non, Etienne, t’inquiète pas, c’est pour l’article que je dis ça…).



Alors, quand j’ai vu que John Malkovitch, qui avait tant contribué à mon admiration pour Valmont, mettait en scène Les Liaisons dangereuses et que la pièce passait à Paris… ben, j’ai d’abord essayé de faire abstraction de l’affiche qui, franchement, est à chier (n’ayons pas peur des mots, il y a des colères justes). Elle fait presque peur. Perso, la première fois, j’ai reculé, j’ai fait un signe de croix et je me suis dit : « Mais il a complètement craqué le Johnny. » Puis, une amie m’a dit : « C’est 10€ pour les moins de 26 ans, et Télérama a dit que c’était trop bien ! » Bon, si ça plaît aux profs, j’le tente !

Sentence : François dirait que c’est « à se taper le cul par terre », tout en se tapant effectivement le cul par terre, mais j’ai la peau qui marque, donc je me contenterai de dire que c’était génial ! Ne vous attendez pas à une mise en scène conventionnelle, avec des costumes d’époque, un décor réaliste et un suivi strict du texte. Bien au contraire : Valmont est en jean, Merteuil n’a en guise de robe que les armatures sur les hanches, Emilie est nue, Cécile porte un tutu et un très joli gilet en laine… Seule Madame de Volanges porte une vraie robe d’époque. Ensuite, tous les personnages sont presque en permanence sur scène, même quand ils ne participent pas. Ce qui permet par exemple aux acteurs de montrer, toucher, embrasser (Valmont n’est pas farouche sur ce point-là) les personnages dont ils parlent, ce qui est bien pratique pour ceux qui ont pas encore compris qui est qui. Enfin bref, la mise en scène déchire grave !

Pour ce qui est du jeu des acteurs, le chevalier Danceny et Cécile Volanges sont peu enthousiasmantes (non, ce n’est pas une faute, c’est la règle de proximité), et la présidente de Tourvel casse un peu l’ambiance, mais c’est son rôle qui veut ça. Valmont est… fidèle à Valmont (c’est-à-dire sublime, pour ceux qui ne suivent pas), le valet de Valmont est drôlissime, et la marquise de Merteuil est parfaite !

Donc, pour résumer : foncez !

Actuellement au Théâtre de l'Atelier

PS : dans la salle, il y avait des acteurs de Plus Belle la Vie… Chacun tirera de cette précision ses propres conclusions…

Les notes Combats de coqs : 


27 févr. 2012

Le meeting de la France forte à Lille


« C'est beau un peuple »1


Lille, Grand Palais – 18h30 ce jeudi 23 février 2012. Nicolas Sarkozy est en campagne et vient conter sa litanie habituelle sur la valeur travail. Une belle occasion de découvrir en live l'exaspérant président en insupportable candidat.

Première bonne nouvelle : le candidat a choisi de venir à Lille en train. En janvier, pour ses voeux aux fonctionnaires à la préfecture de Lille, le président avait choisi l'avion, soit très certainement un trajet bien plus long2, et un bilan carbone bien plus lourd. Bon, je passe sur les retards en gare de Lille Flandres, provoqués tout l'après-midi par l'utilisation du service public par le président.

Seconde bonne nouvelle : il n'y aura pas de seconde bonne nouvelle, mes repères, mes préjugés et mes clichés sur les militants UMP n'ont en rien été ébranlés.

Entrons donc ensemble dans ce merveilleux monde des citoyens de droite en uniforme. En uniforme ? Je ne parle pas des jeunes avec le tee-shirt « les jeunes avec Sarkozy », que je n'ai pas réussi à me procurer (et pourtant j'avais fait un effort de camouflage : j'étais passé chez le coiffeur, j'avais bien coiffé ma mèche, mis un pantalon de costume et une chemise bien repassée). L'uniforme : des chaussures bien cirées, un jean Hugo Boss, une chemise à bouton de manchette et des cheveux bien peignés, de longues mèches bien coiffées. Sachez-le, les gens de droite ont de beaux cheveux, ils sont plus grands, plus beaux même, et ils sentent bon. Une salle surchauffée, des gens en sueur et pourtant une odeur fraîche, incroyable pour un novice au sein de la sphère UMP. Mais plus frappant encore dans cette salle remplie de milliers de militants, l'absence de mixité sociale et ethnique.

Sur le terrain des idées en revanche, rien de frais. Etrange embarras, drôle de sentiment que de voir ces milliers de gens (des jeunes et des vieux, mais justement pas la France du travail) acclamer, applaudir, crier jusqu'à extinction de voix, la proposition de faire travailler 7 heures par semaine les personnes aux RSA qui privilégieraient l'assistanat au travail – pour combien en fait ? 475 euros par mois pour une personne seule. Et la droite veut faire croire qu'il s'agit d'un choix.

En elle-même, la proposition est impossible à mettre en place pour 1,5 million de personnes. Les bénéficiaires du RSA ont besoin d'une formation quotidienne, d'un suivi important, d'une activité formatrice qui permettent d'aboutir à un emploi. Pas de sept heures de travaux de type surveillance des sorties d'école. De plus, les activités envisagées sont aujourd'hui réservées à des personnes en contrats aidés aux horaires de travail moins réduits. Et les acteurs de l'insertion manquent de ce type d'heures de travail – alors comment trouver plus de dix millions de nouvelles heures ? De plus, ce dispositif lourd nécessiterait d'importants moyens humains pour encadrer ces bénéficiaires : c'est-à-dire des agents des départements en charge de l'insertion professionnelle (mais ne doivent-ils pas réduire le nombre de leurs fonctionnaires, ne faut-il pas réduire le nombre d'agents publics ?).
Sur la forme, je serai suffisamment de bonne foi pour saluer l'idée de ne pas faire de pancartes Sarkozy, mais seulement de distribuer des drapeaux français, agités à chaque invectives contre François Hollande. L'effet est intéressant. L'image est celle du rassembleur. Je salue aussi les projecteurs bleu, blanc, rouge tournés vers le plafond de la salle, ainsi revêtu d'une lumière nationale et républicaine. Puis je m'étonne : où est la retenue, la mesure dans les moyens consacrés à la campagne ? Le contexte budgétaire ne plaide-t-il pas pour cette retenue ?

Ensuite je m'agace. Je l'ai dit : les idées étaient pauvres (il n'y avait bien que cela de pauvre dans la salle). Beaucoup de veilles rengaines. Pas de souffle nouveau, pas d'inspiration nouvelle ou de discours porteur.

Je m'agace surtout du spectacle des passages obligés et intangibles du discours politique :
  • Des expressions purement rhétoriques avec haussement de la voix sur la fin pour provoquer les applaudissements : « Ne pas vouloir une France forte, c'est favoriser une France faible ». Merci.
  • Des promesses faites en 2007, répétées en 2012 sans le moindre doute sur une éventuelle perte de crédibilité (par exemple interdire les retraites chapeaux et parachutes dorées).
  • Des attaques sur Hollande tout en disant qu'on ne s'abaissera pas à des attaques personnelles. Et l'auditoire feint d'être convaincu.
Enfin, je suis étonné par le conservatisme de la mise en scène (que reprend exactement Hollande – remarquez donc le sens de l'équilibre dans cet article). L'homme seul, sur une immense scène, s'agitant derrière un pupitre. C'est l'image de l'homme providentiel face au peuple. Où est l'ouverture, la participation, la modestie ?
Et je regrette le discours de Ségolène Royal à Villepinte en 2008 (le fameux discours sur la fraternité) également tout en maîtrise mais tellement novateur sur la forme et le fond.
François-Marie ne se refait donc pas et désire un avenir politique un peu plus frais et innovant.

1phrase entendue au moment de la Marseillaise.
2Elysée-Lille en avion : Palais de l'Elysée - Ecole militaire en voiture / Ecole militaire - Aéroport du Bourget en hélicoptère / Le Bourget - Aéroport de Lille en avion / Aéroport de Lille - Préfecture en voiture.

26 févr. 2012

Mademoiselle ? Madame !

Pendant longtemps, je ne me suis pas posée de questions. J’ai même versé une larme la première fois qu’on m’a appelée « Madame », et j’ai corrigé en souriant, « Mademoiselle », mais en pensant : « Mais il est complètement con celui-là, j’ai 23 ans et il m’appelle Madame, je vais lui en coller une, c’est pas possible, ça ! ».

Et un jour, j’ai compris (non sans l’aide de diverses associations comme Osez le féminisme). J’ai compris ce que cela révélait sur notre société et surtout sur la place des femmes dans celle-ci. Pourquoi suis-je contrainte de préciser si je suis mariée ou non, alors que les hommes n’ont pas à le faire ? Parce qu’on définit encore la femme par rapport à l’homme.

J’ai pu lire par-ci par-là (ne lisez JAMAIS les commentaires des articles sur internet, ça pique les yeux) que, « franchement, y’a des combats plus importants, que ce genre de débat discrédite la cause féminine, que tout le monde s’en fout, que ça ne veut rien dire… ». Eh bien non, je suis désolée, mais ça veut dire quelque chose, ça révèle quelque chose, et même si, je suis d’accord, il y a des luttes plus cruciales (comme la faim dans le monde, la victoire de Claude François sur Johnny Halliday ou la réhabilitation de Véronique Sanson comme le grand amour de Michel Berger), celle-ci ne doit pas être oubliée pour autant. Je ne reviendrai pas sur l’idée que cela discrédite la cause féminine, parce que je n’ai pas bien compris comment on pouvait discréditer une cause en ayant raison…

En plus, cette polémique était si simple à régler… La preuve, c’est qu’elle est réglée ! La case « Mademoiselle » sera désormais supprimée des formulaires administratifs ! C’est con, mais j’ai eu le sentiment qu’on avait fait un pas. Je me suis dit : « Bon, ça, c’est fait ! » (il paraît qu’on ne peut plus utiliser cette expression depuis 2009, mais bon j’le tente, tant pis pour les puristes…). J’ai même partagé l’info sur facebook grâce à un article du Figaro, pour vous dire comme j’étais contente !

L’idée maintenant, c’est que l’UMP nous prenne pas pour des cons, genre « Ouh, on est grave féministes, votez pour nous ! », parce que rappelons que ce même parti a dû payer une amende de près de 4 millions d’euros pour ne pas avoir présenté autant de femmes que d’hommes aux législatives de 2007 (Oh, autant de femmes que d’hommes à l’Assemblée nationale, elle est bonne celle-là). Le PS, quant à lui, n’a payé « que » 500 000 euros, ce qui est bien mais pas top… Donc, on est gentil, on vote pas pour l’UMP aux prochaines élections, ok ?