12 oct. 2012

Le prix Nobel de la Paix

Ca y est, le dernier prix Nobel est tombé, celui de la Paix, peut-être le plus important, au moins le plus porteur de sens, puisque le comité Nobel fait parfois des choix forts, dans le but d'envoyer des messages à des pays ou des gouvernements pour qui les droits de l'homme sont encore une notion un peu floue. Par exemple, en 2010, le prix Nobel de la paix était donné à Liu Xiaobo pour "sa lutte de longue durée et sans violence, en faveur des droits de l'homme en République Populaire de Chine", moins d'un an après sa condamnation à 11 ans de prison pour subversion par le gouvernement chinois. La réaction de la Chine ne s'est pas faite attendre, dénonçant le dévoiement du prix et convoquant l'ambassadeur de Norvège pour lui annoncer que les relations entre les deux pays en pâtiraient forcément. Quelques jours plus tard, le porte-parole du ministre chinois des Affaires étrangères annonçait : "Donner le prix Nobel de la paix à un criminel qui purge une peine de prison traduit un manque de respect pour le système judiciaire de la Chine". La Chine a même annulé une comédie musicale dont la vedette était un gagnant norvégien de l'Eurovision. Ca va quand même loin. Pour rappel, Liu Xiaobo a été condamné pour avoir participé à l'écriture de la Charte 08, signée selon la presse par environ 10 000 personnes ayant pour volonté d'agir pour le respect de l'humain et des droits civils. Du grand banditisme donc.

Vous vous demandez peut-être, je dirais même très certainement, du fait que la Suède n'est pas mentionnée ci-dessous, alors que la Norvège l'est à plusieurs reprises. Vous pensez peut-être que j'ai eu un déjeuner un peu arrosé, que je suis complètement bourrée et que je confonds ces 2 pays géographiquement si proches (mais ce serait mal me connaître, mon coeur est à la Suède et jamais, jamais, je ne pourrais confondre ces 2 pays, mais bon, passons sur votre ignominie). Non, en réalité, dans son testament, Alfred Nobel voulait que le prix Nobel de la Paix soit décerné par le parlement norvégien, ce qui s'explique par le fait qu'à l'époque, la Suède et la Norvège étaient plus ou moins le même pays, la Norvège étant sous tutelle de la Suède. Mais en 1905, la Norvège a décidé que désormais, elle serait indépendante, et comme les Suédois sont super sympas, ils ont dit d'accord. Sauf que tous les prix Nobel étaient remis à Stockholm et donc l'idée, c'était de rapatrier celui de la Paix. Et là, la Norvège s'est dit "merde, ça nous fait quand même de la pub, cette histoire de prix Nobel, est-ce qu'on pourrait pas s'arranger pour qu'on garde ce prix, même si on devient indépendant ?" Et comme les Suédois sont super sympas, ils ont dit d'accord. Le prix Nobel de la paix est donc remis par le parlement norvégien, et la cérémonie de remise a lieu à Oslo.

La Norvège

La Suède
Rien à voir donc


Pour les lauréats, 15 femmes ont été récompensée, dont :
- Bertha von Suttner, en 1905, première femme à recevoir le prix, pour avoir dirigé un temps le Bureau international permanent de la paix. Cette Autrichienne fut également la secrétaire d'Alfred Nobel lorsque celui-ci vint à Paris, en 1876. On dit qu'elle aurait même donner à Nobel cette idée de prix Nobel de la paix, tant la paix dans le monde lui tenait à coeur. Elle est morte quelques semaines avant le début de la Première Guerre mondiale. On peut la voir sur les pièces autrichiennes de 2€.
- Mère Teresa, en 1979, pour son action envers "les plus pauvres des plus pauvres". S'il est vrai que nous ne pouvons que louer la plupart de ses actions, rappelons qu'elle était aussi contre l'avortement, ce qu'elle rappelle lors de son discours de remise de prix.
- Aung San Suu Kyi, en 1991. Comme pour Liu Xiabo, ce choix est une vraie position politique pour le parlement norvégien, puisque la junte militaire au pouvoir interdit à Aung San Suu Kyi de quitter le pays, parfois même son domicile. Elle ne reçoit véritablement son prix qu'en 2012, 2 ans après sa libération.
- Shirin Ebadi, en 2003, première iranienne à recevoir le prix. Elle fut également la première femme à devenir juge en Iran, en 1974, mais en 1979, les religieux conservateurs qui ont pris la tête du pays et limité le rôle des femmes l'ont contraint à arrêter son métier. En 2009, le gouvernement iranien aurait gelé ses comptes et confisqué la médaille et le diplôme de son prix Nobel.

En 2012, c'est l'Union européenne qui a été récompensée, pour avoir contribué à promouvoir "la paix et la réconciliation, la démocratie et les droits de l'homme en Europe" et à muer l'Europe "d'un continent de guerre vers un continent de paix".

Parmi les curiosités des propositions, on trouve notamment Adolf Hitler en 1939, Mussolini en 1935 et Staline en 1945 et en 1948.


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